La législation successorale a connu en 2025 des évolutions majeures qui impactent profondément les relations patrimoniales entre époux au moment du décès de l’un d’eux. La donation entre époux, aussi appelée donation au dernier vivant, apparaît désormais comme un instrument juridique puissant et sécurisé pour augmenter les droits du conjoint survivant. Que vous soyez mariés sous différents régimes matrimoniaux ou en situation de famille recomposée, comprendre les mécanismes et les nouveautés légales en matière de succession est essentiel pour anticiper le partage des biens et protéger efficacement l’héritage du conjoint.
Cette nouvelle loi successorale, qui s’inscrit dans une dynamique d’adaptation aux réalités démographiques et familiales contemporaines, simplifie les formalités, supprime certains droits de succession pour ce type de donation et élargit les possibilités d’aménagement. Parallèlement, elle prévoit des garde-fous pour respecter la réserve héréditaire des enfants tout en renforçant les droits du conjoint survivant grâce à différents dispositifs comme l’usufruit ou la pleine propriété.
Au fil des sections, nous détaillerons les options offertes par la donation entre époux, ses modalités d’établissement, ses impacts fiscaux, ainsi que les conflits susceptibles d’émerger entre héritiers. Nous analyserons la possibilité de révocation, les conséquences du divorce, et les substitution possibles entre donation et testament. Chaque aspect sera éclairé par une jurisprudence récente et un décryptage rigoureux des articles du Code civil pertinents à ce jour.
À travers une approche juridique pragmatique, voici ce qu’il faut absolument savoir pour optimiser la transmission de patrimoine entre époux en 2025.
La donation entre époux : un mécanisme clé pour renforcer la protection du conjoint survivant
La donation entre époux, codifiée principalement aux articles 1094 et suivants du Code civil, est un outil essentiel pour garantir au conjoint survivant un avantage sur la succession. Ce dispositif permet de transmettre tout ou partie de son patrimoine, en pleine propriété ou en usufruit, au moment du décès. Son originalité réside dans le fait qu’elle ne prend effet qu’au décès du donateur, assurant ainsi sa pleine maîtrise durant sa vie.
Contrairement à la donation classique qui s’opère de son vivant et immédiatement, la donation entre époux protège l’usufruitier, c’est-à-dire le conjoint survivant, lui accordant l’usage et le bénéfice des biens tout en respectant la réserve héréditaire des enfants.
Cette donation est souvent préférée à la transformation du régime matrimonial en communauté universelle avec clause d’attribution intégrale, qui impose des contraintes plus lourdes, notamment la nécessité du consentement de tous les héritiers et parfois d’une procédure judiciaire.
Par exemple, un couple marié sous le régime de séparation de biens peut, par une donation entre époux, conférer au conjoint survivant l’usufruit de la totalité des biens sans modifier leur régime matrimonial initial. Cette flexibilité est d’autant plus utile dans les familles recomposées où la sécurité du conjoint doit être conciliée avec la protection des enfants issus d’autres unions.
- La donation peut être faite par acte notarié obligatoire.
- Elle s’applique en pleine propriété ou en usufruit.
- Les biens restent dans le patrimoine du donateur jusqu’à son décès.
- Possibilité d’aménagement selon la présence d’enfants (partage en pleine propriété ou usufruit).
Type de donation entre époux | Effets sur le conjoint survivant | Conséquences sur la succession |
---|---|---|
Donation en pleine propriété | Propriétaire des biens transmis | Réduction de la quotité disponible pour les enfants |
Donation en usufruit | Droit d’usage et de percevoir les fruits | Les enfants reçoivent la nue-propriété |
Mixte (quarts en pleine propriété + usufruit) | Usufruitier et partiel propriétaire | Respect plus strict de la réserve héréditaire |
En résumé, la donation entre époux améliore significativement les droits du conjoint tout en respectant les droits des héritiers. Son régime doit être choisi avec soin et en fonction de la composition familiale, et établit un équilibre entre protection du partenaire survivant et respect de la réserve héréditaire.

Les différentes formes de donation entre époux et leurs répercussions sur la succession
Selon que les époux ont des enfants ou non, les options de donation entre époux varient considérablement dans leur portée et leurs conséquences. En l’absence d’enfant, la loi permet d’avantager pleinement le conjoint en lui octroyant la totalité du patrimoine au décès.
En présence d’enfants, que ceux-ci soient communs ou issus d’autres unions, trois principaux schémas s’offrent au donateur :
- Quart en pleine propriété + trois quarts en usufruit : le conjoint bénéficie à la fois de la propriété d’une part et de l’usage intensif du reste, permettant un équilibre entre usufruitier et nus-propriétaires (enfants).
- Usufruit total de la succession : le conjoint a un droit d’usage complet, vital, sur tous les biens tandis que les enfants n’héritent que de la nue-propriété, limitant leur emprise immédiate.
- Quotité disponible en pleine propriété : le donateur peut léguer la part non réservée aux enfants, soit généralement la moitié en présence d’un enfant, un tiers en présence de deux enfants, et ainsi de suite.
Le choix de la forme de donation aura un impact direct sur la définition du partage des biens lors de la succession. Il convient donc d’évaluer avec attention les conséquences fiscales, patrimoniales et relationnelles, notamment dans les familles recomposées où ce choix peut susciter des conflits entre héritiers.
Situation familiale | Option de donation dominante | Part du conjoint dans succession | Implications majeures |
---|---|---|---|
Sans enfant | Droit intégral au conjoint | 100% en pleine propriété | Conjoint protégé au maximum, sans droits de succession |
Un enfant | Quart en pleine propriété + usufruit sur reste | 75% en usufruit, 25% en pleine propriété | Maintien de la réserve héréditaire |
Famille recomposée | Usufruit total | 100% usufruit | Équilibre entre droits du conjoint et enfants d’autres unions |
La jurisprudence récente confirme la validité de ces mécanismes et leur adaptabilité à des cas complexes, notamment lorsque l’un des enfants conteste les choix effectués. Pour en savoir plus sur la manière dont s’appliquent ces règles dans les familles multiparentales, vous pouvez consulter l’analyse détaillée ici : donation entre époux et succession.

Les formalités de la donation entre époux : rôle incontournable du notaire
La validité d’une donation entre époux repose sur une exigence formelle stricte : elle doit obligatoirement être réalisée par acte notarié. Cette obligation légale garantit la sécurité juridique de l’opération et permet de vérifier son adéquation avec les règles successorales, notamment en matière de réserve héréditaire.
La démarche implique ainsi :
- La consultation préliminaire du notaire qui explique les options offertes et leurs conséquences.
- La rédaction de l’acte qui décrit précisément la nature de la donation (pleine propriété, usufruit, mixte), le patrimoine concerné, et ses modalités.
- Le dépôt et l’enregistrement de l’acte qui garantissent la publicité de la donation.
Le coût de cette opération est généralement compris autour de 150 euros pour la rédaction, mais peut varier en fonction de la complexité du dossier. Des frais supplémentaires, liés aux droits d’enregistrement, sont désormais quasi supprimés sur ces donations au dernier vivant selon la nouvelle loi successorale.
Étape | Description | Coût estimé |
---|---|---|
Consultation | Explication des modalités et options légales | Gratuit ou inclus dans les honoraires |
Rédaction de l’acte | Formalisme notarié obligatoire | Environ 150 euros |
Enregistrement | Formalisation légale et publicité | Faible voire supprimé pour donation entre époux |
Ne pas passer par un notaire invaliderait automatiquement la donation, ce qui priverait le conjoint survivant de ses droits majorés. Les professionnels du droit recommandent également une révision régulière de l’acte de donation afin de le maintenir conforme aux évolutions législatives, notamment postérieures à 2002.
Pour mieux comprendre les enjeux liés aux démarches notariales en successions, consultez notre article détaillé sur le rôle du notaire en droit de succession.
La donation entre époux face à la révocation : modalités et limites
Contrairement à la croyance fréquente, la donation entre époux est réversible sauf si elle a été conclue dans le cadre du contrat de mariage dans lequel elle est intégrée.
Voici les conditions principales qui encadrent la révocation :
- La révocation peut être réalisée par acte notarié à tout moment, sans avoir à motiver la décision.
- Elle peut aussi s’effectuer par testament écrit et signé.
- Si la donation est incluse dans un contrat de mariage, elle ne peut être annulée qu’avec l’accord des deux parties et dans le respect de dispositions légales spécifiques.
Il est important de considérer que cette possibilité d’annulation offre une marge de manœuvre aux époux et leur permet de s’adapter à l’évolution de leur situation familiale et patrimoniale.
Par ailleurs, en cas d’injures graves ou d’ingratitude du conjoint survivant, les héritiers peuvent solliciter l’annulation judiciaire de la donation, d’après la jurisprudence de la Cour de cassation (1re chambre civile, 25/10/2017, n° 16-21136).

L’impact fiscal des donations entre époux depuis la réforme successorale 2025
La réforme de la loi successorale 2025 a introduit des changements majeurs dans le traitement fiscal des donations entre époux, favorisant la transmission et réduisant les coûts. Désormais, les donations au dernier vivant sont exonérées des droits de succession, grâce à un abattement particulier porté à 80 724 euros. Ce seuil permet d’absorber une grande partie des transmissions patrimoniales entre conjoints.
De plus, les biens remis au conjoint dans le cadre de cette donation sortent définitivement du patrimoine du défunt et ne rentrent plus dans la base taxable lors de la succession, ce qui diminue la charge fiscale globale supportée par le survivant.
Les règles à retenir :
- L’abattement de 80 724 euros s’applique sur la valeur des biens transmis entre époux.
- Aucun droit de succession n’est dû au-delà de cet abattement.
- En cas de révocation, le bien réintègre le patrimoine du donateur sans frais supplémentaires.
Cette réforme encourage ainsi les époux à opter pour cette forme de protection mutuelle de leur patrimoine.
Pour approfondir les mécanismes fiscaux et les droits liés à la transmission, vous pouvez consulter ce guide complet : abattements fiscaux et successions.
Conflits potentiels entre héritiers et stratégies pour les anticiper
Malgré les garanties légales, la donation entre époux peut engendrer des tensions, notamment entre enfants et conjoint survivant. Cette situation se produit souvent lorsque la donation accorde la pleine propriété au conjoint survivant, créant une différence entre les droits mathématiques reçus et ceux légalement dus aux héritiers.
Les expressions fréquentes de conflit comprennent :
- Contestations sur la validité de la donation ou ses modalités.
- Accusations d’abus de faiblesse ou d’ingratitude du conjoint survivant.
- Difficultés liées à la vente ou au partage des biens immobiliers donnés.
Une approche judicieuse consiste à intégrer dans l’acte de donation une faculté de cantonnement permettant au conjoint de moduler ses choix de biens, afin de mieux respecter la réserve héréditaire des enfants.
Une étude approfondie peut être utile, comme celle proposée dans l’article suivant recours juridiques en cas d’abus en succession.
Cause du conflit | Conséquence | Solution préventive |
---|---|---|
Donation en pleine propriété au conjoint | Injustice perçue par les enfants | Prévoir usufruit ou clauses restrictives |
Absence de clause de cantonnement | Impossibilité d’ajuster le partage | Inclusion d’options dans l’acte de donation |
Décision unilatérale de révocation | Tensions familiales accrues | Communication et concertation au préalable |
En définitive, la clé réside dans l’anticipation et la rédaction soignée des actes avec un notaire expert en droit familial et succession, afin de minimiser les litiges et assurer un héritage équilibré.
La donation entre époux face aux situations de divorce et séparation
La loi est claire : les donations entre époux sont généralement annulées en cas de divorce, faisant partie des avantages matrimoniaux qui cessent automatiquement sauf disposition contraire spécifique inscrite dans l’acte de donation (article 265 du Code civil).
Ce principe a pour effet :
- D’une part, de protéger la partie qui perd son statut d’époux.
- D’autre part, de remettre en cause les droits acquis sur la succession dans le cadre d’une rupture.
Si les époux souhaitent maintenir certains avantages, ils doivent expressément l’indiquer dans une convention notariale. Sans cela, en cas de divorce, le partage des biens s’effectue indépendamment des donations antérieures, ce qui peut modifier substantiellement le patrimoine respectif.
Les conjoints doivent être vigilants quant aux clauses envisagées et leur portée, notamment en relation avec le régime matrimonial adopté. Pour approfondir les enjeux juridiques liés aux conséquences du divorce sur le patrimoine commun, voir : passage par un notaire lors du divorce.
Testament ou donation entre époux : comparatif des effets et choix stratégiques
Outre la donation entre époux, le testament représente un autre levier pour aménager la succession. Ce dernier permet de désigner librement les bénéficiaires des biens, notamment en faveur du conjoint survivant.
Les principales différences avec la donation sont :
- Le testament prend effet immédiatement après le décès, mais peut être modifié ou révoqué à tout moment.
- La donation au dernier vivant est un engagement ferme, avec des conséquences patrimoniales plus visibles et durables.
- Le testament peut inclure des clauses spécifiques, notamment des legs particuliers ou des libéralités conditionnelles.
Dans certains cas, la donation entre époux est couplée à un testament pour optimiser la protection du partenaire survivant tout en ménageant la réserve héréditaire. Une telle combinaison garantit également une sécurité juridique renforcée face aux contestations potentielles.
Pour plus de détails juridiques, consulter cet article approfondi : succession sans testament et alternatives.
Optimiser sa succession grâce aux donations entre époux : conseils pratiques
Pour tirer pleinement parti des opportunités offertes par la donation entre époux, plusieurs recommandations sont à suivre :
- Faire appel à un notaire expérimenté pour définir la meilleure option selon votre situation personnelle et familiale.
- Tenir compte de la présence d’enfants, leurs droits et la protection du conjoint survivant.
- Penser à la révision régulière du contrat de mariage et des actes notariés liés.
- Informer clairement les héritiers pour réduire les litiges posthumes.
- Utiliser la faculté de cantonnement pour équilibrer la transmission de propriété et d’usufruit.
Un cas pratique : un couple avec trois enfants, dont deux d’une union précédente, a choisi la donation en usufruit total au conjoint survivant. Cette stratégie lui garantit une protection maximale, tout en respectant la nue-propriété des enfants, lesquels percevront leurs parts sans altération de la réserve héréditaire.
Cette approche pragmatique permet d’éviter les conflits successoraux et simplifie la gestion du patrimoine post-décès. Des conseils juridiques personnalisés sont indispensables, notamment via un avocat spécialisé en succession. Pour en savoir plus sur ces professions, leur rôle et leur complémentarité, voici une ressource utile : avocat et notaire en succession.
Questions fréquentes autour de la donation entre époux et la nouvelle loi successorale
La donation entre époux est-elle toujours obligatoire par acte notarié ?
Oui, la loi impose cette formalité pour assurer la validité et la sécurité juridique de l’acte.
Est-il possible de révoquer la donation après sa signature ?
Oui, sauf si la donation est incluse dans un contrat de mariage, la révocation peut intervenir à tout moment par acte notarié ou testament, sans justification.
Quels droits ont les enfants face à une donation en pleine propriété au conjoint survivant ?
Les enfants peuvent contester la donation si elle porte atteinte à leur réserve héréditaire. Ils ont la possibilité d’engager une action en justice pour rééquilibrer la succession.
Que se passe-t-il en cas de divorce concernant la donation entre époux ?
Par principe, la donation est annulée sauf clause contraire expresse. Cela élimine les avantages matrimoniaux liés à l’acte de donation.
La réforme de 2025 a-t-elle modifié l’imposition des donations entre époux ?
Oui, les droits de succession sont supprimés sur ces transmissions avec un abattement spécifique élevé, ce qui réduit fortement les coûts fiscaux.