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Que faire face à une mise au placard professionnelle ?

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Dans le paysage professionnel actuel, la mise au placard constitue une réalité silencieuse mais troublante pour de nombreux salariés. Cette pratique insidieuse, qui consiste à isoler un employé en limitant son accès à ses tâches habituelles, sa participation aux décisions et ses interactions, représente souvent un véritable défi psychologique et juridique. Face à ce phénomène, il apparaît vital de connaître ses droits, de rester vigilant sur les signes avant-coureurs, et surtout de savoir comment agir. Si aucun texte légal ne définit strictement la mise au placard, la législation du travail protège néanmoins le salarié contre les agissements susceptibles de dégrader ses conditions de travail ou de constituer un harcèlement moral. Savoir identifier cette situation, rassembler les preuves adéquates, et engager les actions appropriées sont des étapes essentielles pour faire valoir ses droits et envisager une issue favorable, qu’il s’agisse d’une négociation amiable ou d’une saisine judiciaire.

Comprendre la mise au placard au travail : définition et manifestations courantes

La mise au placard, également qualifiée de « placardisation », désigne une stratégie d’éloignement d’un salarié par l’employeur, qui consiste à le priver progressivement de ses fonctions, responsabilités et informations dans l’entreprise. Cette exclusion peut apparaître sournoise puisqu’elle ne passe pas nécessairement par un licenciement ou un avertissement formel. Le contrat de travail est maintenu, mais l’employé voit son rôle professionnel diminuer notablement, avec des missions dépourvues d’enjeux et souvent dégradantes.

Les manifestations de la mise au placard sont variées et nombreuses :

  • Absence ou retrait des invitations aux réunions importantes où sa présence serait logique ;
  • Exclusion des boucles de communication email ou téléphonique liées aux projets ou décisions de l’équipe ;
  • Ignorance systématique des contributions lors de ses interventions en réunion ;
  • Suppression des responsabilités ou attribution de tâches sans rapport avec son niveau de qualification ;
  • Isolement physique, tel que le déplacement du poste de travail dans un bureau exigu ou isolé ;
  • Agressions verbales, remarques dénigrantes ou critiques incessantes destinées à décourager ;
  • Suspension des interactions ou échanges avec la hiérarchie.

En 2025, il n’est pas rare que même les profils les plus engagés se retrouvent victimes de mises au placard, souvent en amont d’un licenciement déguisé ou lors d’une transition professionnelle délicate comme un retour de congé maternité. Selon les témoignages recueillis par Cadremploi et Force Ouvrière, la placardisation est fréquemment observée dans des contextes de restructuration ou de baisse d’activité, où l’employeur cherche à pousser le salarié à démissionner de lui-même.

Afin d’illustrer concrètement, prenons le cas de Jeanne, cadre dans une entreprise de services numériques, victime d’une mise à l’écart insidieuse après le rachat de sa société. Retirée des projets clés, ignorée lors des réunions stratégiques, et bannie de la messagerie interne, elle subit une dégradation progressive de son environnement professionnel. Ce type de situation souligne la nécessité d’identifier rapidement la placardisation pour pouvoir enclencher les démarches adéquates.

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Signes révélateurs d’une mise au placard Description
Exclusion des réunions Non convocation à des réunions importantes malgré la pertinence du poste
Retrait des responsabilités Suppression progressive des missions ou remise à des tâches subalternes
Isolement physique Déplacement du poste de travail dans un bureau isolé ou exigu
Dégradation des relations Commentaires dépréciatifs et manque de communication de la hiérarchie
Non-participation aux échanges Exclusion des emails et appels relatifs au travail

Les obligations légales de l’employeur face à la mise au placard

Malgré l’absence de définition juridique stricte de la mise au placard, la législation française impose des obligations claires à l’employeur, qui rendent cette pratique contestable.

D’abord, conformément à l’article 1194 du Code civil, un contrat de travail implique une obligation de fournir du travail conforme aux termes convenus. Cela signifie que l’employeur ne peut pas priver un salarié des missions prévues sans son accord, ni lui imposer une modification substantielle unilatérale de ses fonctions.

Par ailleurs, l’article L. 4121-1 du Code du travail imposent à l’employeur une obligation de sécurité, notamment la prévention du harcèlement moral, qui peut inclure la mise au placard si elle dégrade les conditions de travail du salarié. Cette obligation a été confortée par une trentaine de décisions jurisprudentielles récentes, où les tribunaux ont reconnu la mise au placard comme un mode de harcèlement moral.

À titre d’exemple, la Cour de cassation a rappelé dans un arrêt du 6 juillet 2020 qu’une exclusion physique du salarié en le reléguant à un bureau isolé, combinée à sa mise à l’écart sociale, constitue une atteinte à la dignité et une dégradation des conditions de travail, reconnue comme harcèlement moral. L’employeur encourt ainsi des sanctions encourues en cas de manquement à cette obligation, notamment la réparation du préjudice.

Il est utile de savoir que d’autres aspects pédagogiques au sein de l’entreprise, promus par des organisations comme Malakoff Humanis ou MGEN, encouragent les employeurs à instaurer un dialogue social ouvert pour prévenir ce type de situation conflictuelle. Ces organismes fournissent des guides et recommandations pour mieux gérer les relations humaines et prévenir les risques psychosociaux.

Obligation légale Texte Conséquence en cas de non-respect
Fourniture du travail Article 1194 du Code civil Nullité des modifications unilatérales, réparation du préjudice
Prévention du harcèlement moral Article L. 4121-1 Code du travail Sanctions pénales et civiles, dommages et intérêts

La mise au placard comme forme spécifique de harcèlement moral

Le harcèlement moral au travail se caractérise par des agissements répétés qui ont pour conséquence une dégradation des conditions de travail susceptible d’affecter la santé mentale ou physique du salarié et sa dignité professionnelle.

La mise au placard, lorsque répétée et prolongée, entre pleinement dans cette définition. Elle traduit souvent un comportement délibéré de l’employeur visant à isoler le salarié, à nuit à sa carrière et à l’inciter à partir. Dans la pratique, cela se traduit par :

  • L’assignation à des tâches dégradantes ou dépourvues de sens ;
  • Le retrait des responsabilités essentielles liées au poste ;
  • Une exclusion de la communication interne ;
  • Un isolement social et professionnel manifeste ;
  • Des critiques incessantes, voire humiliantes.

Le cas de Jeanne précédemment évoqué illustre parfaitement ce phénomène. Sa mise à l’écart concertée était telle qu’elle a dû saisir le Conseil de Prud’hommes pour faire reconnaître un harcèlement moral. La Cour a reconnu que ces agissements constituaient une faute caractérisée, justifiant une indemnisation importante.

Il est important de souligner que la charge de la preuve repose sur le salarié, qui doit démontrer la répétition des faits et leur impact négatif. Pour cela, il est conseillé de collecter des preuves tangibles et témoignages, un travail souvent facilité par le recours à un avocat spécialisé en droit du travail.

Exemples jurisprudentiels sur la mise au placard

Affaire Décision Conséquence
Cour de cassation 6 juillet 2020 Reconnaissance de harcèlement moral via isolement du salarié Indemnisation au salarié, condamnation de l’employeur
CPH Paris 2023 Requalification d’une mise au placard en licenciement sans cause réelle Réintégration ou indemnisation majeure
Cour d’Appel Lyon 2024 Sanction de l’employeur pour modification unilatérale du contrat Versement de dommages et intérêts

Constituer un dossier solide pour prouver la mise au placard

Face à cette forme d’agissement, il est primordial pour le salarié de documenter avec rigueur les faits subis. La preuve est la clé pour faire valoir ses droits, que ce soit dans un cadre amiable ou judiciaire.

Voici quelques étapes pratiques recommandées :

  • Tenir un journal de bord détaillé, daté, précisant les événements, propos, circonstances et témoins ;
  • Recueillir des attestations auprès de collègues de confiance qui ont constaté la mise à l’écart ;
  • Archiver tous documents ou échanges électroniques révélant la dégradation du travail (emails, comptes rendus, plannings) ;
  • Réunir les preuves des faits discriminatoires, remarques dénigrantes et changements non justifiés de poste ;
  • Ne pas recourir à des enregistrements illicites, qui sont généralement irrecevables devant le Conseil de Prud’hommes, comme souligné par JuriTravail.

Ce travail de récolte demande méthode et constance. Un dossier bien étayé multipliera les chances de succès, surtout lors d’une procédure judiciaire. Certaines plateformes juridiques spécialisées, telles que JuriTravail, peuvent guider le salarié dans la constitution des preuves et démarches administratives.

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Les étapes et démarches pour se défendre face à une mise au placard

Plusieurs solutions peuvent être envisagées en fonction de la nature de la situation et des objectifs du salarié :

1. Tenter une résolution amiable

La première démarche consiste généralement à adresser un dialogue clair et posé avec le responsable direct ou un supérieur hiérarchique. Parfois, la mise au placard résulte d’un malentendu ou dysfonctionnement communicationnel. Ouvrir le dialogue peut ainsi permettre un rétablissement rapide des conditions normales de travail.

Si le supérieur immédiat est à l’origine de la situation, il est possible de s’adresser au service des ressources humaines ou au comité social et économique (CSE) de l’entreprise. Parmi les interlocuteurs internes, certaines structures comme le service MGEN peuvent offrir un appui psychologique précieux en cas de mal-être lié au travail.

2. Négocier un départ avec rupture conventionnelle

Lorsque la situation devient intenable, la négociation d’une rupture conventionnelle peut être une alternative adaptée. Cette procédure amiable de séparation permet au salarié de bénéficier d’indemnités ainsi que d’une ouverture au droit à l’assurance chômage via Pôle emploi. Cette formule est recommandée face à la tentation de la démission, souvent désavantageuse.

L’appui d’un avocat spécialisé est crucial pour négocier dans les meilleures conditions. Avec des preuves solides de harcèlement moral ou de mise au placard, le salarié dispose d’un levier pour obtenir une indemnisation correcte via Malakoff Humanis ou Prism’emploi, organismes référents pour ce type de démarches.

3. Saisir le Conseil de Prud’hommes

En dernier recours, la voie judiciaire auprès du Conseil de Prud’hommes est ouverte au salarié. La saisine doit prendre la forme d’une requête rédigée de façon claire et comportant :

  • Les coordonnées complètes des parties ;
  • Un exposé sommaire des faits et demandes ;
  • Un bordereau listant les pièces justificatives produites.

Un avocat expert en droit du travail est souvent nécessaire pour s’assurer de la conformité de la demande et préparer la défense. Selon l’article sur l’arrêt de travail en raison de harcèlement moral, cette étape vise à faire reconnaître la faute de l’employeur et à obtenir des indemnités comprises fréquemment entre six mois et deux ans de salaire.

Si la mise au placard est prouvée comme un harcèlement, le juge peut prononcer la rupture judiciaire du contrat aux torts de l’employeur avec condamnation à verser des dommages-intérêts en réparation du préjudice.

Le rôle stratégique de l’avocat face à une mise au placard en entreprise

L’assistance d’un avocat spécialisé en droit du travail s’avère indispensable pour sécuriser et renforcer la position du salarié mis au placard dans l’entreprise. Voici les principaux apports de cette expertise :

  • Évaluation préalable : analyser la situation pour déterminer si la mise au placard constitue un harcèlement moral, en examinant les preuves disponibles ;
  • Conseil en collecte de preuves : orienter sur les éléments nécessaires à conserver, comme mails, témoignages, preuves documentaires ;
  • Négociation : accompagner dans la négociation d’une rupture conventionnelle avantageuse en mettant en avant les éléments de preuve ;
  • Représentation judiciaire : rédiger la requête de saisine du Conseil de Prud’hommes et assurer la défense du salarié pendant le jugement ;
  • Accompagnement psychologique : aider le salarié à gérer le stress lié à la procédure et à préserver ses droits sociaux.

Un avocat avisé facilitera la compréhension du régime juridique applicable, en rappelant notamment que les enregistrements non consentis ne sont pas recevables, comme l’indique récemment un article juridique spécialisé, incitant à privilégier d’autres moyens de preuve.

L’intervention précoce d’un professionnel accroît nettement les chances d’aboutir à un règlement satisfaisant tout en limitant l’usure psychologique et financière.

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Mesures de prévention et ressources utiles pour éviter la mise au placard

Au-delà de la réaction, il est crucial d’envisager des stratégies préventives adoptées par les entreprises et les institutions. La sensibilisation des managers à la prévention du harcèlement, la mise en place des cellules d’écoute, ainsi que le recours aux services comme Psycho­logies.com pour le bien-être des salariés, jouent un rôle primordial.

Les salariés doivent également s’informer sur leurs droits grâce aux outils proposés par des plateformes comme JuriTravail ou Cadremploi, qui offrent des éclairages concrets sur la gestion des conflits salariés-employeurs et l’évolution professionnelle.

Par ailleurs, les syndicats tels que Force Ouvrière restent un interlocuteur clé pour discuter des problématiques liées à la placardisation et pour défendre les intérêts collectifs et individuels.

  • Encourager le dialogue social dès les premiers signes de placardisation ;
  • Former les managers aux risques psychosociaux et aux obligations légales ;
  • Utiliser les dispositifs proposés par l’Apec pour faciliter la mobilité professionnelle ;
  • Faire appel aux services sociaux d’entreprise comme MGEN et Malakoff Humanis ;
  • Se tourner vers les plateformes d’emploi telles qu’Indeed et Prism’emploi pour envisager un repositionnement professionnel lorsque la résolution interne échoue.
Organisme/Ressource Rôle principal Contact / Site
Pôle emploi Accompagnement et indemnisation en cas de rupture pole-emploi.fr
Apec Conseil et évolution de carrière cadres apec.fr
MGEN Soutien social et santé au travail mgen.fr
Malakoff Humanis Protection sociale et prévention malakoffhumanis.com
Force Ouvrière Défense des droits des salariés force-ouvriere.fr

Questions courantes à propos de la mise au placard professionnelle

  • Comment reconnaître une mise au placard et faire la différence avec un simple changement de poste ?
    Une mise au placard se distingue par une exclusion progressive, une baisse significative des responsabilités, et une altération négative des conditions de travail, souvent accompagnée d’isolement social, contrairement à un simple changement de poste qui est généralement consensuel et assorti d’une nouvelle mission valorisante.
  • Quel est le délai moyen pour prouver une mise au placard devant le Conseil de Prud’hommes ?
    Il n’existe pas de délai standard, mais la preuve doit refléter une situation durable, avec des faits répétés sur plusieurs mois. Un bon dossier établi méthodiquement peut être présenté après quelques mois de mise à l’écart.
  • Le salarié peut-il bénéficier d’un arrêt de travail pour harcèlement lié à une mise au placard ?
    Oui, sous avis médical, un salarié peut être placé en arrêt de travail, situation reconnue juridiquement et médicalement contestée, comme expliqué en détail sur cette page dédiée.
  • Quels sont les recours si la négociation amiable échoue ?
    Le salarié peut saisir le Conseil de Prud’hommes pour faire reconnaître la faute de l’employeur, demander des dommages et intérêts, voire obtenir la requalification du contrat de travail ou une rupture judiciaire.
  • Peut-on se faire accompagner par un syndicat ou une organisation professionnelle ?
    Oui, des organisations comme Force Ouvrière proposent un soutien moral, juridique et pratique pour agir face à une mise au placard.

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